Les mythes revus et corrigés pour le meilleur... Et pour le pire !

samedi 5 avril 2014

Les basilics en vrac


Savez-vous ce qu’est un Basilic ? Je veux dire, dans la mythologie ?



Basilique St-Marc de Venise-Wouahou  (source image)
Non, vous êtes gentils, mais ça c’est UNE basilique, un monument…



miam (enfin ça dépend des plats...) source image
Nooon, encore raté ! ça c’est le basilic, la plante aromatique, le pesto tout ça…




Le Basilic, est une créature légendaire : comme beaucoup d’autres, sa représentation et ses attributs varient au cours des siècles et des auteurs. Il est également très repris dans les œuvres à toutes les époques.
Cependant, dans l’ancien folklore, il est généralement considéré comme un animal hybride entre un reptile et une volaille, issue d’un œuf de coq couvé par un crapaud (oui oui, chelou, je suis d’accord). Il est généralement surnommé "le Roi des Serpents".
 
Voilà c'est ça ! Ce truc là ! (source image)
 Certes dangereux, mais au look plutôt particulier (c'est peu de le dire).



Rien à voir donc avec le Basilic de Harry Potter (du moins pas grand-chose !), qui ressemble franchement à un grand dragon sans pattes. Plus classe pour le coup. 
 
A tout prendre je me demande si je préférais pas l'autre... (source image)

Autre point commun avec le mythe originel : son venin et son regard homicides. Regardez ses yeux, et c’est la mort certaine -ou la pétrification sur place, selon les versions-. C'est l'élément essentiel du mythe du Basilic, LA constante à travers les âges et les représentations.


Au final, je ne sais pas si on peut parler de progrès... ni de destruction du mythe. Lequel préférez-vous ? Une bestiole ridicule mais fidèle aux origines, ou un gros monstre hideux ? Mmh... dilemme !
A vous de choisir chers lecteurs !



Sur ce,
Salutations monstrueuses,

Lise





mercredi 2 avril 2014

Le vampire : la poule aux oeufs d'or de la littérature "Young adults"

Une créature symbolique à fort taux d'investissement...



Si vous aussi, écrivain raté, tentez de vendre quelques miettes de votre savoir-faire aux maisons d'édition pour gagner votre pitance en vain, et, cherchez une solution rapide et efficace pour remédier à cet obstacle, j'ai une confession à vous faire : attelez-vous à la littérature "young adults", soit la littérature pour jeunes pré-pubères, ce marché explose et rapporte. La formule pour conquérir le cœur vierge et sensible des adolescents n'est pas bien compliquée : prenez comme ingrédient principal un vampire, ajoutez-y une pincée de mièvrerie, de sang et de dilemmes amoureux cornéliens, mélangez le tout et obtenez le combo parfait pour gagner le jackpot !

Néanmoins, je préfère vous avertir. La concurrence sera rude puisque la production de romans et de films décrivant les péripéties de nos amis les vampires est foisonnante. 

Pour apprivoiser le vampire moderne, rien de tel qu'un léger récapitulatif sur ses origines. Créature récurrente dans le folklore populaire européen, le mythe du vampire puise ses racines dans les textes sacrés et originels. Les légendes ancestrales mettant en scène des dieux s'abreuvant du sang humain sont infinies et viennent de tous les horizons. Cependant vous serez surpris de découvrir que la plus vieille épopée de Gilgamesh cache la première figure de vampire qui se matérialise sous les traits de Lilith. Cette femme intelligente et séduisante a été associée par ses homologues masculins à un être démoniaque et vampirique s'abreuvant du sang des nouveaux nés et des hommes. Le vampire est donc une énième image religieuse de la femme maléfique et pécheresse se rebellant en usant de la cruauté...



Source image, Lilith de John Collier, XIXème siècle

Plus généralement, les superstitions populaires liées à la peur des humains revenants du monde des morts ont perpétué la légende du vampire. La figure universelle du vampire a traversé les siècles, et il semble pertinent de s'interroger sur la manière dont les auteurs/réalisateurs contemporains ont détourné les caractéristiques classiques du vampire et quelles sont les nouvelles valeurs véhiculées à travers celle-ci.


  • Dracula, l'archétype de l'affreux suceur de sang et de la créature diabolique largement imprégné dans l'imaginaire collectif : un classique du style gothique et de l'horreur est né.   

Le roman épistolaire Dracula de Bram Stoker publié en 1897 a largement contribué à fabriquer les topos modernes du mythe du vampire dans la littérature fantastique : Dracula est un comte rusé et damné à la personnalité complexe et ambigue. Son château en Transylvanie est légendaire et en aura terrifié plus d'un. Personnification de la folie, Dracula fera l'objet d'études psychanalystes. Les topos récurrents comme le cercueil, le crucifix, le sang, les canines acérées, le séducteur, le miroir, le pieux...seront exploités au maximum notamment dans l'excellente adaptation cinématographique de Coppola qui reste très fidèle à l'oeuvre originelle. 


Voici la bande annonce du film qui a été diffusée le 27 mars sur ARTE. Ribambelle d'acteurs sensationnels sont présents, je ne peux donc que vous conseiller de visionner ce classique. 



  • Le vampire contemporain  soit le "bon vampire": instrument de la marginalité et de la virilité fantasmé 

Au regard des œuvres actuelles, nous pouvons le clamer haut et fort : le vampire est un beau gosse. Loin de l'image de Lilith, le vampire est un mâle paradoxale qui stimule l'émoi des jeunes filles en fleur. Cerise sur le gâteau, le vampire ne vieillit pas et garde éternellement son visage angélique. Protecteur mais dangereux, sensible mais virile, riche mais modeste, le vampire exploite toutes les facettes de la virilité fantasmée. Stimulateur de la niaiserie, mièvrerie et autres sympathies, le new-vampire peut vite tourner au ridicule notamment dans le film (adapté du livre) Twilight et dans la série Vampire diaries.

Si vous voulez rire un bon coup, je vous renvoie à un site qui s'est amusé à parodier Twilight, c'est tordant :






Dans Twilight, le gentil Edward Cullen habitant sa demeure XXL aux allures de villa dessinée par Le Corbusier, se nourrit de sang animal pour ne pas courroucer ses amis les humains. Le plus drôle: il brille comme un diamant étincelant lorsqu'il est exposé au soleil. Nous sommes bien loin du Dracula perfide de Stoker... Le pire c'est que l'auteur Stephenie Meyer surfe sur l’idéal du prince-charmant vampirique pour diffuser ses croyances mormones et traditionnelles (sexe avant le mariage et avortement sont prohibés dans l'oeuvre et les femmes sont chaperonnées au plus tôt par leur mari). Je ne m'attarderai pas plus sur ces réalisations simplistes et surfaites, néanmoins la ritournelle des mannequins vampires vaut le détour :



Eric Northman dans True Blood
Damon Salvatore dans Vampire diaries
(nous ne ferons pas de commentaires
concernant son prénom ridicule)

Edward Cullen, vampire assumant mal sa bogossité


  • Le vampire : figure caricaturale qui se prête à la parodie et qui est au service de la critique ou de l'analyse.


Le mythe du vampire devient particulièrement intéressant lorsqu'il est détourné et vulgarisé pour dénoncer un fait social. C'est le cas dans la série True blood. Il y a un détournement des codes de manière intelligente : les vampires deviennent les cibles d'un régime politique réactionnaire. La créature légendaire devient la figure de "l'étranger", du martyre, persécuté et victime de racisme primaire. 


Le second exemple est Fright night. Ce remake parodie les films de vampires en empruntant tous les topos du légendaire Dracula. Ce récit d'apprentissage n'est pas un simple film pour teenager. Il offre une dimension réflexive contrairement à Twilight ou Vampire Diaries. D'après Télérema, Colin Farrell, dans le rôle du nosferatu moderne" joue tellement de sa séduction qu'il entraîne le film dans un territoire crypto-freudien qui convient bien à la geste draculienne : Le vampire est ici substitut du père et rival sexuel du gamin, qui manque d'ailleurs d'y laisser sa copine, laquelle ne semble pas détester la morsure du maître." Le personnage du vampire se prête parfaitement aux analyses psychanalytiques. Dans ce film, ce qui est en jeu "c'est bien le devenir adulte et mâle du jeune héros, ex-geek en cours de rédemption, soumis à une épreuve initiatique terrifiante". En jouant sur les symboles forts de la littérature "de vampire" le film gagne en crédibilité.

Bande annonce Fright Night


Si vous aussi êtes des mordus de ces mor(t)fals, pensez vous que le mythe du vampire disparaitra de nos écrans un jour ?

Sur ce,

salutations sanguines


Agathe